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“Où va la France?”
C’est la question que pose Jean-François Bayart, politologue et professeur à l’Institut de hautes études internationales et du développement à Genève, dans les colonnes du quotidien national suisse, Le Temps.
Cette tribune d’opinion venant de chez nos voisins helvètes, a largement été partagée en France ces derniers jours, dans un contexte politique explosif depuis l’adoption de la réforme des retraites sans vote à l’Assemblée.
Mais, pour Jean-François Bayart, cette réforme n’est que le symptôme de l’épuisement du gouvernement macroniste. Pire, celui d’une crise politique profonde qui enfle depuis bien 30 ans.
Sans prendre de pincettes, le politologue, qui a aussi longtemps été directeur de recherche au CNRS, parle d’Emmanuel Macron comme (je cite) d’un “enfant immature, narcissique, arrogant, sourd à autrui, et plutôt incompétent.”
Mais au-delà de ces adjectifs qualificatifs peu reluisants, qu’est-ce que dit précisément Jean-François Bayart?
Quels sont les éléments qui le poussent à affirmer que le président Macron vit dans une réalité parallèle et que la France dérive vers ce qu’on appelle une démocratie “illibérale”?
Fin de la Françafrique ? Fin du paternalisme néo-colonial ?
Ce samedi 4 mars, le Président français Emmanuel Macron a achevé sa tournée africaine en République Démocratique du Congo. Pendant quatre jours, le président s’est rendu au Gabon, en Angola, en République du Congo et en RDC pour “bâtir une nouvelle relation, équilibrée, réciproque et responsable avec l’Afrique.” Prenant acte d’un ressentiment croissant envers la France, Emmanuel Macron a effectué sa tournée sous couvert d’intérêt économique, culturel et environnemental.
C’était le 18 avril dernier. Le maréchal Idriss Déby Itno mourrait au front, laissant le Tchad sans chef politique. Aussitôt, un conseil militaire dirigé par un de ses fils, Mahamat Idriss Déby Itno, se met en place. Cette version, c’est la version officielle.
Mais il se pourrait bien que la mort du dictateur d’un des pays les plus pauvres de la planète ait un air de vengeance. Toujours est-il qu’une nouvelle parenthèse s’est ouverte pour ce pays d’Afrique centrale, depuis en proie à de nombreuses manifestations meurtrières.
Car le Tchad a été gouverné d’une main de fer pendant trente ans par le maréchal défunt et grand allié de la France, notamment dans sa guerre contre le terrorisme au Sahel. Des intérêts qui ont mené Macron jusqu’aux funérailles d’Idriss Déby Itno, alors même qu’un coup d’État venait d’avoir lieu.
Pour analyser cette transition politique et revenir sur les relations entre la France et le Tchad, nous avons reçu Thomas Dietrich, collaborateur du Média et spécialiste de ce pays.